mercredi 30 septembre 2015

L'arménie que j'aime

Le monastère de Sevan

Bien sûr, au bord du lac, ils n'allaient pas rater de construire un monastère. Faut dire qu'autrefois ce monastère était sur une île, mais que les Soviétiques ont tellement pompé l'eau du lac avec je ne sais quelle industrie, que le lac a rétréci (comme la mer d'Aral), alors le monastère est désormais sur une presqu'île.
Deux petites églises pleines de charme, mais restaurées avec du ciment blanc, ce qui est une faute d'histoire et peut-être aussi de goût.
Ce site n'est pas sans rappeler la petite église orthodoxe du lac d'Ohrid (Marie Jérôme Delphine, Benjamin vous vous souvenez?)




Le cimetière de Noradouz



Ici les pierres tombales, ce sont de préférence des khachkhars, utilisés depuis toujours, des pierres dressées décorées d'une croix, des cross stones. Certains tombeaux sont aussi horizontaux. Le cimetière de Noradouz contient environ 800 khachkhars anciens, et aussi des nouveaux, car la tradition continue. C'est un endroit fabuleux sur le plan esthétique. Les petits tombaux sont parfois décorés de scènes quotidiennes et de métiers (tradition identique en Roumanie).






Un Khachkhar moderne que je trouve émouvant 



Un caravansérail

La route de la soie passait par ici aussi. Ce caravansérail est très ancien et bien restauré. Aucun point commun avec les caravansérails luxueux de Turquie ou d'Ouzbékistan, souvent transformés en hôtels ou restaurants. Ici c'est l'histoire brute.



De part et d'autre de l'allée centrale, les box pour les chevaux et les "chambres" pour les voyageurs...



Un hôtel de rêve



Je suis au bord du lac Sevan, 2000m, il fait un peu frais, et pourtant j'écris le blog dehors, près de la piscine, car c'est le seul endroit où l'on capte bien le signal.
La piscine est évidemment vide. Pas de promenade au bord du lac, ce ne sont que campings (vides), plages privées (vides), restaurants (fermés). Autrement dit les activités sont plutôt réduites. En plus cet hôtel, un Best Western ( ça va faire rire Eveline), est tenu par deux jeunes gens qui ne doivent pas avoir plus de 25 ans. M'ont donné tous les trucs pour obtenir internet, ils ont les mêmes problèmes que moi. J'aurais bien voulu faire un tour mais la ville de Sevan est loin...



mardi 29 septembre 2015

Un petit dernier pour ce soir

Je suis donc à nouveau à Goris, au même hôtel. Et vous savez quoi, un car vient d'arriver, 14 Flamands de SaintTrond ! Ils parlent bien le français, évidemment. Ils font un tour d'une semaine par sympathie, parce qu'ils ont aidé des familles arméniennes à Saint Trond... Ça me rappelle d'autres actions et un autre pays, n'est-ce pas Jéjé et Marie.


Le monastère de Tatev

Encore un, oui, mais un pas mal, et tellement difficile d'accès, que les Suisses ont installé un téléphérique horizontal, le plus long du monde, 5km752. Ce n'est pas un téléphérique qui part à l'assaut d'une montagne, c'est une sorte de tram qui roule au-dessus d'une gorge vertigineuse. On peut voir la route, que la voiture de Roubik refuse de monter. 
Matériel suisse, c'est du beau et du solide, 1/4 d'heure au-dessus du vide.  Et puis le monastère... Pour une vue d'ensemble, il faut grimper 1 km, et j'ai paresseusement pris un taxi. Une vraie expérience, une Lada en décomposition, un chauffeur la cigarette au bec et les portières qui ferment mal. Et pour finir nous avons mangé du poulet et du riz dans un restaurant plein de groupes bruyants, car ici c'est un endroit très touristique, même les Japonais le connaissent.







Le Stonehenge arménien

C'est évidemment un peu prétentieux comme titre mais disons que les vestiges sont de la même époque. Nom: Karahunj 
Comme le chemin d'accès est particulièrement défoncé, je l'ai fait à pied (400m) pour épargner la voiture, et j'ai continué par le grand tour du site. Des menhirs, des pierres trouées, des alignements, des cercles de pierre. Au milieu de ces tragiques montagnes arides. Et Virginie comme un poisson dans l'eau.






Pizza Tachir

Hier soir j'avais  l'envie d'un petit truc et tout ce que j'ai trouvé c'est un pizza Tachir, le pizza hut local.
Évidemment pas de menu, c'est une pizza, ou une pizza. Tomates, champignons jambon fromage. Eh bien c'était bon!!!!


Le garçon était charmant, c'est pas tous les jours qu'il y a une blonde dans leur cantine, alors il s'est enhardi à me demander si je n'avais pas des pièces d'euros, il les collectionne! Par chance j'avais des 1, des 2, des 5. J'ai fait un heureux à peu de frais...

Le Titanic du Karabagh

A quoi sert ce navire mégalomane, échoué sur une mare nauséabonde ? De restaurant, pardi.
Comble de l'élégance, la salle principale est consacrée à Van Gogh, des reproductions évidemment.
Comme cette dite salle semblait victime d'un cyclone, nous apprenons qu'il y a eu un mariage la veille. Pas de problème, on va nous servir sur la terrasse, avec vue sur la mare dégueulasse et le faux pont vénitien. Les poules passent tranquillement en-dessous de la table, quelques mouches viennent en reconnaissance, et nous recevons un plat de purée surmonté de morceaux de cochon bien gras cuits dans l'huile et deux lumpia, dégoulinant d'huile aussi . Les restes du mariage? Doivent tous avoir des problèmes de digestion.
Faut reconnaître que question restauration, hôtellerie et service, le Karabakh n'est pas au point. Hier soir j'ai fini par entrer dans un "pizza tashir " une chaîne qu'on voit parfois, rendez vous de la jeunesse. Mais c'est une autre histoire.


lundi 28 septembre 2015

Rencontres

C'est d'ailleurs le cas de tous les Arméniens : ils sont chaleureux et sympathiques. La plupart savent que notre pays comprend deux communautés linguistiques, je leur explique la troisième. Ils parlent d'eux-mêmes avec tristesse et retenue. 


Le malabar à côté de moi c'est Roubik.

Je suis très contente d'avoir pu publier toutes ces photos. J'aurais encore tant de choses à raconter! Mais il faut bien faire des choix et me reposer parfois...

Un saltimbanque

Devant le monastère un déluré local a trouvé une manière originale de se faire un peu d'argent. Il promène les enfants avec un chapeau de berger et un drapeau du Karabagh. Il fait de l'acrobatie sur son cheval. Et il est furieusement sympathique...




Cheptel local


Un croisement avec un bouc?

Le monastère de Gandzassar

Après cet intermède de ruines, nous sommes allés vers le nord, qui est plus montagneux. Un monastère bien entendu. Mais je me suis surtout intéressée au cimetière voisin et à ses pierres tombales parlantes.





Et d'autres ruines

Je vous laisse regarder



Pas beaucoup de différence avec les ruines précédentes n'est-ce pas? Eh bien ceci est une grande ville azéri, complètement ruinée sur des kilomètres, pas loin de Tigranakert. Dans 1000 ans, les archéologues se pencheront sur la datation de ces ruines. 

Si on va en Azerbaïdjan, on voit des ruines arméniennes.
Le monde est fou.


Voici les ruines

Une importante basilique chrétienne, et toutes sortes de bâtiments. C'est non seulement détruit depuis longtemps, mais en plus, la guerre récente est passée par là. Je me suis baladée une bonne heure, pas de chemin, ce n'est pas aménagé, mais moi c'est mon style, ça m'a plu.







Les ruines de Tigranakert

Le roi Tigrane,1er siècle avt JC, a fondé ici une grande cité, sur des ruines de l'époque hellénistique, qui a prospéré durant tout le moyen âge chrétien. C'est un haut lieu nationaliste, pour prouver aux musulmans azéri que le Karabagh est bien chrétien, et donc arménien.  
Aussi on a bâti à grands frais un beau château fort qui abrite le musée.






Une guerre larvée

Dans la capitale, Stepanakert, des soldats partout. Sur la route, des casernes. J'ai même vu un tank en exercice... Ce matin j'ai visité un site archéologique situé à 23 km de la frontière, et partout on voit ceci...les canons pointés sur l'Azerbaïdjan. 



La frontière entre les deux pays est évidemment fermée, et les deux côtés sont sur leurs gardes. Il suffirait d'un rien...

Shoushi la ville martyre



La mosquée...qui était belle et ancienne.

Dans cette guerre, les massacres ont eu lieu des deux côtés. Les Azéris ont bombardé les Arméniens et vice versa.  Les communautés azéris d'arménie ont fui ou ont été anéanties, et les communautés arméniennes de Bakou, la capitale de l'Azerbaïdjan, idem.
Je ne mets que deux photos, c'est triste...

La frontière du Karabagh

J'ai demandé à faire une photo et le policier a voulu que je pose...


Une cow girl

Khdzerosk suite

Moi sur le pont, la preuve, je l'ai fait dans les deux sens, forcément. Sans trembler .





Et une vue d'ensemble, mais on ne distingue pas les grottes. J'ai marché jusqu'à l'église, ce qui était déjà un exploit, Roubik resté près de la voiture commençait à s'inquiéter.

Khdzerosk, village troglodyte

L'escalier


Le pont suspendu et au fond le village de grottes et de ruines. Encore habité en partie, notamment la gardienne de l'église 


Je ne mets que deux photos, j'ai peur que ça ne passe pas.


Photos du vieux Goris

Certaines grottes encore habitées 







Karabagh, 2

Internet est plus que capricieux, il est souvent inexistant. Il va falloir me résigner, je ne pourrai pas publier mes photos avant le retour en Arménie.
Dommage pour Khdzerosk, le village troglodyte et le pont suspendu. Comment prononcer ce nom ? Facile, vous oubliez les deux premières lettres.
Les souvenirs de la guerre (je rappelle, terminée en 93) sont omniprésents. De grandes photos en ville avec des maquisards, des tanks qui entrent en ville, victorieux, des soldats dans des maisons en ruine. A l'entrée de Shoushi, le premier tank libérateur, comme une relique. 22 ans après, la reconstruction se fait attendre. C'est que cette petite république, non reconnue internationalement, est pauvre. Souvent ce sont des oligarques qui jouent les mécènes.
Comment pourraient-ils être riches? De Goris en Arménie à Stepanakert, ce ne sont que montagnes désertiques. La différence c'est qu'ici il y a des arbres. Évidemment ce n'est pas la Suisse, bien que Roubik pense que la  Suisse, c'est comme ça. D'ailleurs le Karabagh ne s'appelle pas Karabagh mais Artsakh, ce qui signifie jardin noir.
Aujourd'hui je vais visiter...un monastère, pour changer. Gandzassar. Un de ces mécènes locaux, jamais à court d'idée, y a organisé une centaine de mariages (vous avez peut-être vu à la télé tous ces couples , filles en robe blanche, et chacun avec un bandeau aux couleurs du pays) et promis une prime à chaque couple, au prorata...du nombre d'enfants. Un moyen comme un autre de peupler la petite république.
Je vais aussi visiter un site archéologique très ancien, pour me reposer des monastères.
D'après Roubik, les problèmes internet proviennent du fait de l'antenne voisine azerbaïdjanaise, plus puissante que l'antenne locale, qui brouille tout par intermittences.
J'écris dans le lobby et la télé  fonctionne non stop avec des clips de chansons.

Le Karabagh

Me voici au Karabagh depuis hier. Problème avec Internet. Je ne parviens pas à publier les photos, faudra vous contenter du texte.
Les formalités sont étranges. D'abord un contrôle passeport à la frontière puis obligation de se rendre au ministère des affaires étrangères pour obtenir le visa, dans la capitale. Bien que ce soit dimanche, le préposé travaillait... Pourquoi tout ce bazar et ne pas délivrer le visa à la frontière ?
Avant cela j'ai passé la matinée dans un endroit magnifique, un village troglodyte comme en Cappadoce, mais beaucoup plus sauvage. Habité jusqu'en 58. Accès très difficile pour pas dire impossible. Récemment réhabilité (toujours par des mécènes privés, des oligarques locaux). L'accès se fait par un escalier en bois qui descend dans une gorge, puis un pont de singe métallique (brrrr), et alors vous pouvez errer dans les différents sentiers, entre les constructions en ruine et les grottes. Vous ne serez pas surpris si je vous dis que le premier bâtiment remis en état est...l'église. En activité! Quand on voit la difficulté d'accès du lieu, franchement, toutes ces acrobaties pour aller allumer une bougie, ça me fascine.
La première ville du Karabagh, c'est Shoushi. Ancienne capitale, maintenant ville martyre. La guerre est finie depuis 22 ans mais les ruines sont toujours là. On construit du neuf mais un peu à la fois, les efforts sont concentrés sur la nouvelle capitale Stepanakert.
Le seul endroit vraiment épargné est...l'église. Une grande cathédrale. Par chance, c'est dimanche, je suis arrivée en plein office. Jamais vu d'office arménien. C'est un peu comme chez les orthodoxes, on rentre on sort comme on veut, pourvu que ce soit à reculons pour la sortie. Les rites sont très étranges et les fidèles nombreux, hommes, femmes, jeunes, vieux et enfants.
L'hôtel où je suis descendue est nul. On se croirait en Russie 50 ans en arrière. Hier soir j'ai cherché un endroit pour manger, je n'ai rien trouvé. Pas de Mac Do ou de pizzeria. J'ai fini par me rabattre sur le restaurant d'un hotel de luxe et la plupart des plats sur le menu n'étaient pas disponibles! Le service était mauvais et le personnel ne parlait pas anglais. Pour le lunch, que je partage avec Roubik, nous sommes allés dans un restaurant russe. On nous a servi une boulette avec du boulghour, et franchement c'était pas terrible.
La ville est reconstruite et aérée, style russe. Le musée d'histoire m'aurait intéressée, mais bien sûr il était fermé.
Pour compléter tout cela, nouveau décalage horaire, une heure de plus.

dimanche 27 septembre 2015

Vaches, moutons et cowboys

Erevan se trouve dans une grande plaine. Pas d'industrie, mais agriculture individuelle, et travail à la main dans beaucoup de cas. Que l'on prenne n'importe quelle route autour d'Erevan, c'est le même paysage triste, sale et pauvre, des routes défoncées et des villages sans pittoresque.
Les montagnes dépassent souvent les 3000 m, mais elles sont arides, sans arbres, désertes et inhospitalières. Les vaches paissent en liberté, parfois accompagnées d'un cow-boy à cheval. Idem pour les moutons, plus rares. L'Arménie est un pays de vaches noires et nerveuses. Certains hommes portent encore des costumes comme dans les musées, mais je n'ai pas pu (encore) en photographier.