dimanche 11 octobre 2015

Comment pénétrer dans l'UE

Erevan, aéroport, très petit matin. Une seule file, au bureau Austrian Airlines. Enregistrement sans histoire. Idem à la sécurité, où le personnel s'ennuie un peu, et la demoiselle perd du temps à me
demander pourquoi je porte deux montres... Que je dois d'ailleurs ôter.
Guichet police, c'est une autre histoire. Mon passeport est vérifié dans tous les sens, y compris la concordance avec mon visage (inutile de faire un gentil sourire, sur la photo je ne souris pas), et mes empreintes digitales vérifiées deux fois, index gauche index droit, pour être bien sûre que c'est moi. A la fin de cet examen je reçois le tampon de sortie et ouf je me dirige vers ma porte d'embarquement.
Arrive le vol en provenance de Vienne, qui débarque ses passagers. C'est par ce vol que je suis arrivée. En fait il fait demi tour vers Vienne, une demi-heure plus tard. Les hôtesses d'Austrian dans leur uniforme rouge ( à l'élégance discutable) sont déjà là et vous vous sentez déjà en Europe.
Erreur. L'embarquement prend un temps fou, car les hôtesses vérifient non seulement votre passeport et votre carte d'embarquement, mais aussi vos empreintes digitales, et plutôt deux fois qu'une... Si après tout cela il y a encore fraude, je n'y comprends plus rien.
A Vienne, bien entendu, plus aucun contrôle d'aucune sorte, juste votre carte d'embarquement que vous scannez dans un portique, ce qui tend à se généraliser....


Allez, une petite dernière de votre globe trotter préférée, sur fond de montagnes arméniennes.

mardi 6 octobre 2015

Vienne, attente de la correspondance

Vienne est un aéroport d'un confort inégalé. Wifi gratuit, sièges où l'on peut étendre ses jambes, indications claires. Vol sans histoire depuis Erevan. Émotion au moment de l'adieu. Car c'est un adieu, je ne reviendrai sans doute jamais en Arménie. Mais à se côtoyer pendant 15 jours, les liens se tissent. Rubik est un homme simple, bon et dévoué. Il a apprécié que je sois toujours de bonne humeur malgré les inévitables contrariétés, et que j'aie essayé de comprendre son pays. Il avait pensé à quelques petites attentions, du sudjuk (orthographe approximative) pour les enfants, une limonade à l'estragon pour moi. Pas sûr que les enfants vont aimer le sudjuk, mais on ne le lui dira pas. Quant à la   limonade, il a bien fallu que je la boive avant la sécurité...
Retourner au pays après deux semaines dans un autre monde, c'est toujours un choc. Déjà à Vienne, c'est une autre ambiance. Paraît qu'il pleut chez nous, c'est ce que me dit Jéjé dans un sms. La vie recommence.


C'est la saison des noix en Arménie, on en vend partout. Et aussi des petites pommes cueillies dans les jardins. Commerce de proximité, la ménagère vend les produits de son jardin au bord de la route
 Les petites boules rouges, ce sont les fruits de l'argousier. On les présente en chapelets à déguster en marchant. Plein de vitamines. Mais aussi de poussière.

lundi 5 octobre 2015

Le lavash

C'est le pain local, que l'on cuit sur les parois d'un four brûlant. Ne dites pas que c'est du pain turc, vous vous feriez lyncher. Suis allée dans une famille qui le prépare traditionnellement pour les touristes. Celui qu'on trouve partout dans les supermarchés (et qui est bon) est évidemment préparé industriellement dans des fours électriques.



C'était ma dernière activité. J'ai encore fait un tour au marché aux puces d'Erevan (tout à fait comme nos brocantes) et je me prépare au retour. Cette nuit à 02 heures, Rubik me conduit à l'aéroport.
A bientôt à tous et merci de m'avoir suivie...


Geghard 2

J'ai eu la chance d'assister à un concert dans une des églises. Des voix magnifiques, des mélodies sublimes et une acoustique inégalable.


A l'extérieur, heureusement, un peu plus de lumière pour les photos. Un lion terrassant un taureau 


Une vue d'ensemble. On ne se rend pas compte qu'il y a 4 églises à l'intérieur et surtout qu'elles sont dans la montagne.


Je parlerais des heures de ce monastère qui m'a vraiment séduite. C'est aussi un lieu de pèlerinage. Que je suis heureuse de ne pas avoir vu, car un pèlerinage, ici comme à Khor Virap, consiste à égorger des poulets et des moutons selon la vieille méthode cruelle de l'ancien testament. Très peu pour moi.
C'est aussi la résidence d'été du Catholicos, le castelgondolfo du monarque religieux d'Arménie.
Plus paisible, dans les bois, des arbres à vœux et des cairns dans les grottes.


Le monastère de Geghard

Des monastères, je devrais en avoir mon compte. Eh bien celui-là surpasse tous les autres. Il est bâti dans la montagne. Plusieurs églises et chapelles troglodytes dont le seul éclairage est la lucarne de la coupole. Pour les photos, c'est mortel. Et c'est dommage, car aucune église arménienne ne possède autant de sculptures intactes. Il faut s'habituer à l'obscurité pour les distinguer. Mes photos ne donnent rien, ni sans flash, ni avec flash. Exemple: les armes de la famille Vachian, la sculpture qui fait la gloire du lieu, au-dessus de leur tombeau. Pas de coupole, pas le moindre éclairage. Avec et sans flash 



La source miraculeuse. Comme à Lourdes, on vient remplir sa gourde. J'ai profité de la lampe de poche d'un autre touriste, mais la photo n'est quand même pas terrible. Je ne comprends pas comment les gens ne tombent pas dedans dans le noir.





Le temple hellénistique de Garni

Oui, un temple romain, érigé vers l'an 77, resté intact en cette terre chrétienne. Restauré par les Russes, merci. Sublime dans ce décor de montagnes.



A côté, ruines d'un palais de la période Ourartu (7ème avant JC), d'une église postérieure au temple et de bains romains, un joyeux mix. Magnifique mosaïque sue le sol des bains, qu'on peut admirer au musée d'Erevan.
Et dans la vallée, des orgues basaltiques, que, si j'avais eu le courage, je serais allée voir de près. Mon excuse: il pleuvait un peu, le sentier était glissant.




Le meilleur pour la fin

Dernier jour, dernière excursion. Pas loin d'Erevan, mais vers l'est, dans une direction que nous n'avions pas encore prise. A l'ouest de la ville, c'est la plaine, à l'est des montagnes superbes. Rubik dit qu'au printemps c'est tout vert.





dimanche 4 octobre 2015

Après la culture, la bouffe

Cette fois nous avons mangé à Erevan, dans un truc haut de gamme. Je me suis offert un verre de vin rouge -une folie, 4€. Et voici le plat principal. Non ce ne sont pas des boulettes. Je n'ai pas retenu le nom arménien, mais c'est une farce dans un estomac de vache. Beeeeerk, dites-vous, je vous entends d'ici. De toute façon, y avait pas le choix, c'était le menu du jour. Eh bien c'était délicieux, et les patates à la friture aussi.


Ce soir je me suis baladée dans les grandes avenues d'Erevan. Bien que ce soit dimanche, c'est très animé et tous les magasins sont ouverts. La place de la république a vraiment beaucoup d'allure. Après toutes ces petites villes provinciales, j'ai l'impression d'être revenue à la civilisation.

Yererouïk

Qu'est-ce que je faisais près de la frontière ? J'allais voir une église, évidemment.


Très cassée,me direz-vous. Oui, mais elle date du 5ème siècle, et son architecture est encore très proche des basiliques romaines.

Ce qui suit c'est un caravansérail, très cassé aussi, mais au plan reconnaissable à trois nefs. Remarquez la couleur rouge des briques de tuf volcanique de la région.


Et cette autre église, très ancienne aussi, qui a perdu sa coupole, et ça fait une photo très Magritte.


Je vous passe tous les détails, ainsi que les autres ruines, il n'y a que moi pour me passionner ainsi pour les vieux cailloux. J'ai passé une journée formidable, et Rubik se demande vraiment sur quelle originale il est tombé. Mais son boulot n'est pas trop difficile. Il me conduit où je veux, et puis il attend en buvant un café de sa Thermos et en fumant une cigarette. Et moi je traîne à mon idée, avec personne qui me suit. J'adore ça.



Frontière

Laquelle? La turque, évidemment. La voici.


C'est clôturé de cette façon tout le long. Pas un gardien en vue, mais Rubik n'était quand même pas à son aise que je prenne des photos. 

La photo suivante, c'est la ligne de chemin de fer qui relie Erevan à Tbilissi, la capitale de la Géorgie. Passage à niveau non gardé, et nous dessus. Hallucinant, non? Évidemment ce n'est pas le TGV, on a sans doute le temps de le voir arriver....


Les villages le long de la frontière sont kurdes, paraît-il. Dans cette cour de ferme, provisions de bouses de vache pour se chauffer l'hiver...




Good music makes good people

Rubik croit me faire plaisir en passant en boucle une vieille compilation de chansons françaises, style Dalida, Mireille Matthieu, Yves Montand, Adamo et bien sûr la gloire locale, Aznavour. Lui il aime cela, et je fais semblant d'être contente. Mais je préfère quand il passe de la musique arménienne, une version orientale de complaintes russes.et il dit que je suis sa première touriste à apprécier...

Photo: un tableau de partisans que j'adore. Voilà qui est romantique et s'accorde avec la musique


Arménie d'aujourd'hui

Mes lecteurs me disent que ce pays est bien triste.
Oui.
Le ressentiment vis-à-vis des Turcs est une plaie qui ronge chaque Arménien. Le manque de reconnaissance du génocide ne permet pas de faire le deuil. La frontière entre les deux pays est fermée, mais hypocritement, ouverte pour le "business" et tous les trafics. Le mont Ararat et l'ancienne capitale, Ani, lieux sacrés arméniens, ne sont pas accessibles. On peut voir de loin, c'est tout.

Mais ce n'est pas tout. Avec l'Azerbaïdjan, le conflit territorial est toujours d'actualité. Souvenez-vous, j'ai logé dans un B&B. Le fils unique des propriétaires fait son service militaire au Karabagh. La maman tremble pour son fils, encore 4 mois et il revient, service terminé. S'il n'est pas tué dans une escarmouche. Ce problème est comme Israël et la Palestine me dit Rubik, insoluble. Le service militaire obligatoire dure deux ans, à partir de 18 ans. Jeunesses en danger et parents angoissés. On ignore cela en Europe.
Les seules frontières ouvertes sont celles de la Géorgie et de l'Iran. Le seul grand ami est le Russe. 

Photo: des colombes en vente près des églises. 3000 Drams ( 6€) et vous en libérez un. Tout un symbole. Et en même temps un business.


La famille Mikoyan

Comme vous l'avez tous remarqué (je connais votre perspicacité), les noms arméniens finissent tous par -an.  Anastase et Artem Mikoyan sont deux frères originaires d'un petit village arménien, Sanahin, que tout le monde visite pour son monastère reconnu par l'UNESCO. Mais personne ne s'aventure dans le petit musée consacré à la famille Mikoyan, gloires locales de l'époque soviétique, sauf peut-être une photo du fameux premier Mig, mis au point par Artem.


L'autre frère, Anastase, est probablement le plus connu, et ceux de ma génération connaissent bien ce politicien chançard qui est resté membre du Politburo pendant 60 ans, a échappé aux purges de Staline et connu Kroutchev et Brejnev. L'affaire des missiles à Cuba, c'était lui.
Je viens justement de lire la biographie de Staline par Montefiore, et cette période est toute fraîche dans ma tête.
Le petit musée est tenu par une madame Mikoyan, vieille dame respectable, au look improbable des années cinquante. Nièce ou cousine, pas bien compris, vu son anglais primitif et mon russe plus qu'élémentaire. Documents d'époque, passionnants, vieilles photos avec Kennedy ou Castro. Une seule avec Staline, dans un coin, comme si on avait un peu honte du tyran.
Dans une vitrine, une ZIM, voiture réservée à la nomenklatura. Toute une époque.


Il n'y a que toi pour visiter ce musée, me dit Rubik. C'est une erreur. Cette partie de l'histoire vaut bien les monastères médiévaux. Que Mikoyan, quand il le pouvait, a souvent protégés de la destruction.



samedi 3 octobre 2015

Parlons bouffe

Pas de pénuries. On trouve tout au marché. Les fruits et les légumes sont très beaux. La viande et le poisson, par contre, vous donneraient envie de devenir végétarien. Côté vêtements, beaucoup de camelote chinoise. Mais rien ne manque, sauf peut-être l'argent. Il y a des pharmacies partout, au moins une par rue. Des petits supermarchés de quartier. Ce qui manque, ce sont les petits restos, même pas de MacDo et consorts. Pas grand chose pour la jeunesse.
Nous avons pris le lunch dans un restaurant très particulier, une pisciculture. Le poisson est évidemment frais. On le sert ... cru. Moi j'ai préféré le caviar et le poisson cuit. J'avoue que c'était délicieux, très haut de gamme. Avec du pain tout frais cuit sur place.

Avant

Après 


C'est dire que c'était bon. Le poisson était posé sur une tranche de lavash, le pain local, dont je vous parlerai bientôt en détail.

D'autres, qui auraient besoin d'un petit coup de neuf





Quelques bâtiments bien conservés


Mon hôtel, dont la réception ressemble à une entrée de musée. Bel exemple de tuf noir 


La ville détruite

Il s'agit donc de Gyumri. Année 88. 50000 morts et beaucoup plus de sans abris. Ville détruite à 60%. Surtout les immeubles à appartements construits par les soviétiques, peu solides. Pendant des années, les survivants ont été relogés dans des containers, en attendant la reconstruction. Qui n'est pas terminée. Le centre historique a été en partie épargné, toutes les maisons de l'époque de la colonisation russe, mais c'est la grande misère, pas d'argent pour restaurer, priorité aux appartements.
C'est une ville triste, surtout qu'aujourd'hui il pleut un peu, et les trottoirs défoncés semblent encore plus défoncés, et les pierres de tuf noires encore plus noires.

Photos: l'église saint Sauveur, avant après et maintenant, toujours en chantier





Ruines romantiques

Voici une cathédrale détruite par un tremblement de terre et la reconstruction se fait attendre. Ca me plaît assez, c'est romantique comme Villers la ville.
C'est que nous sommes dans une région du nord qui subit souvent des secousses sismiques, bientôt Gyumri, la ville détruite en 88.


C'est celle du fond





La poste arménienne

Arrêt pour une petite église du VII ème siècle, dans un village qui doit dater à peu près de la même époque. Et qu'est-ce que je vois? Un bureau de poste flambant neuf, bien du XXI ème. Comme je n'ai jamais le temps d'aller à la poste centrale d'Erevan, je me dis c'est l'occasion d'acheter des timbres. Rubik est sceptique, mais moi je suis naïvement confiante. Le jeune postier, tout chic dans une chemise blanche, en train de faire la causette avec des confrères désœuvrés, se précipite à l'intérieur. 5 timbres pour l'Europe? Un peut-être... Il cherche fébrilement, en vain. 
Pour une fois qu'une blonde rentre dans sa boutique, il n'a pas l'article, il se confond en excuses, les Arméniens sont très polis.
Rubik, lui, se marre. Qu'est-ce que tu crois? Que dans ce patelin perdu on vend souvent des cartes postales pour Bruxelles?
Ce qui explique, messieurs dames, que vous ne recevrez sans doute pas de carte d'Arménie.


Rubik et moi devant la fameuse église du VII ème. Modèle très étrange, et à l'intérieur, un jubé en bois, offert par la dernière tsarine, durant l'époque russe. Une rareté en Arménie.



Indispensable gaz

En Arménie, cuisine, chauffage, tout se fait au gaz (russe).
Mon hôtesse de B&B d'une nuit possédait une gazinière d'une taille imposante (pas très propre). Par quel miracle le gaz atteint -il des villages aussi isolés, dans la montagne? Dans son quartier à peine 4 maisons. Fastoche. Une système de tuyauteries apparentes, comme en Roumanie, comme dans de nombreux pays de l'est. Pas vraiment esthétique. Au début du séjour je ne voyais qu'eux, maintenant ils font partie du paysage.


vendredi 2 octobre 2015

Un autre genre

Un sommet de 4100m



Les autres églises du jour

Comme vous commencez sûrement à avoir une overdose, je les cite seulement, Sanahin et Haghpat, toutes deux sur la liste de l'UNESCO, ce qui signifie qu'on y rencontre même des Japonais. 
Juste deux photos

Des rois donateurs


Superbe chapiteau 


Le cimetière yezidi

C'est la deuxième chose exceptionnelle que j'ai vue aujourd'hui. Dans un petit village yezidi, un vieux cimetière presque abandonné (ou non, allez savoir), des tombes en forme de cheval !!!! Personne ne s'arrête là me dit Rubik, mais il pense que ça va m'intéresser et il a raison. Je vais faire des recherches pour comprendre...




De l'art d'obtenir une clé

Ce matin, au programme, une église célèbre pour ses fresques bleues, une rareté en Arménie. Déception, c'est fermé. Un numéro de téléphone sur la fenêtre de la boutique de souvenirs, fermée aussi. Rubik téléphone et nous attendons. Après plusieurs rappels et une bonne heure d'attente, Rubik s'énerve. Il explique au téléphone que "sa" touriste est une journaliste écrivain, qu'elle va se plaindre à l'ambassade ( ni lui ni moi ne savons s'il y a une ambassade belge), que lui est honteux, que va-t-on penser de son pays etc.etc.
1/4d'heure après la clé était là, avec un mec qui se confondait en excuses et me considérait comme une personnalité. J'ai pu faire toutes les photos que je voulais. Qui ne sont pas toutes parfaites, mais  ça valait la peine d'attendre. Des fresques en excellent état (pour des fresques du moyen âge), d'un bleu incomparable, un travail d'artiste sans conteste. Et cela dans une église forteresse d'un accès difficile, où les groupes ne vont pas.